Le Maïs Mon00810-6

Penchons nous en détails sur le cas du maïs MON 00810-6, le seul PGM autorisé en culture en France en 2007. (environ 22000 hectares semés en 2007)

Tout d'abord il faut savoir que le terme de MON 00810-6 correspond à la protection génétique"Yieldguard" (marque déposée sous licence de Monsanto). Cette construction génétique ajoute un nouveau gène, le gène cryIA(b). Les différents semenciers (Pioneer, Coop de Pau , Limagrain, Caussade Semences....) peuvent donc proposer leurs hybrides de maïs avec la protection "yieldguard". Les agriculteurs auront le choix pour la même variété, d'un maïs hybride normal ou d'un mais hybride "Yieldguard" ( exemples de variétés: PR34N43 et PR34N44, Vénici et VeniciYG, Tuxxy et Tuxxy YGD50).

Le maïs génétique modifie (mais Bt), planté par mes voisins et de nombreux agriculteurs en france, contient un nouveau gène codant une nouvelle protéine provenant d'une bactérie du sol (bacillius thuriengensis) . Les toxines produites par cette bactérie sont désignées sous le terme de protéine CRY ou δ-endotoxines ( stockées sous forme de cristaux et contenant entre 640 et 1200 acides aminés) Après avoir été ingérée par la chenille de la pyrale ou toute autre chenille dévorant les feuilles ou les tiges du maïs, la protéine partiellement digérée se fixe sur des récepteurs spécifiques de l'intestin aboutissant à la destruction des cellules et à la perforation de celui ci. La chenille cesse de s'alimenter et meurt.

Quelques questions que l'on peut se poser.

La pyrale (Ostrinia Nubilalis) du maïs est un insecte phytophage, elle parasite plus de 200 espèces de végétaux (tournesol, poivron, pomme de terre,haricot, betterave, fraisier.....) C'est un papillon de nuit dont la femelle pond ses oeufs sur le maïs, une fois l'oeuf éclos la chenille va perforer les feuilles, la tige, et affaiblir la plante. Les chenilles lorsque elles s'installent dans le pédoncule de l'epis sont responsables de sa chute au sol, une partie des épis ne pourra être moissonner d'où des pertes importantes de rendement. De plus les galeries creusées par les chenilles dans l'épis vont permettre l'installation de champignons comme la fusariose produisant des mycotoxines dangereuses pour l'homme et les animaux, dévalorisant financièrement la récolte.
Selon les régions il y a une ou deux générations de pyrales (cela dépend du climat) En gros deux générations dans le sud ouest, une dans le reste de la France. Seules les pyrales de deuxième génération creusent des galeries dans l'épis. En cas de très fortes infestations les pertes de récoltes peuvent aller jusqu'à 30%. Il faut savoir qu'il y a un seuil (0,8 pyrales par pied.) qui entraîne peu de dégât et peu de perte de rendement.

Pourquoi trouvons nous des des pyrales en plus ou moins grand nombre ?
Plusieurs réponses.
Il y a les conditions climatiques qui vont jouer sur les populations des pyrales simplement parce que l'hiver et le printemps ont été favorable au maintien et au développement du ravageur.(un hiver froid et sec favorise une bonne conservation des larves diaposantes et un printemps chaud et humide est favorable à la reprise de l'activité.....)
IL y a les assolements pratiqués par les agriculteurs céréaliers qui souvent mènent à une monoculture double, dans l'espace et dans le temps. D'une part la plus grande partie des champs cultivés sur une zone agricole est du maïs et d'autre part les mêmes parcelles sont semées tous les ans avec cette céréale sans rotation avec une autre culture. Evidemment les pyrales peuvent se développer, elles ont un garde manger sur des centaines d'hectares et cela tous les ans.

Le maïs restant la céréale qui rapporte financièrement le plus avec des rendements très importants surtout lorsque il est irrigué, les agriculteurs ont vite fait le choix. Ils ont souvent investi dans des pivots qui permettent d'arroser facilement les champs et qui demeurent sur place (contrairement à d'autres système que les agriculteurs doivent poser au mois de Juin et enlever chaque année après la récolte) Dans les champs comportant des pivots, il y pas de cultures aussi rentable à leur yeux et chaque année ils sèment du maïs (et cela parfois depuis plus de 20 ans)

Il y a les pratiques agricoles. Un broyage fin des tiges avec un labour juste après la récolte (Octobre ou Novembre) permet de détruire au moins 90% des larves de pyrales . En automne et hiver, les larves des pyrales s'abritent dans les cavités des tiges de mais, de tournesol...)

Que font les agriculteurs pour combattre la pyrale?
Pour la première génération de larves, ils peuvent traiter le champ avec des insecticides chimiques en utilisant le tracteur; le coût s'élève à environ à 25 € par hectare de produit chimique. Pour la deuxième génération de pyrales le traitement ne peut se faire que par hélicoptère ( les maïs sont trop haut pour passer avec un tracteur sans écraser des rangs). Le coût moyen est d'environ 40€/ hectare (hélicoptère et insecticide); les agriculteurs feront ce traitement que si cela permet vraiment de maintenir le rendement des parcelles surtout que l'efficacité n'est pas excellente.

Depuis quelques années, une lutte biologiqueméthode de lutte contre un organisme gênant, en le faisant dévorer par un de ses ennemis naturels existe avec un prédateur hyménoptère (trichogramma brassicae) insecte auxiliaire inférieur à 1 mm qui se reproduit en parasitant les oeufs de pyrales. L'épandage se fait au début de la ponte de la première génération avec 300 capsules (225000 trichogramma) par hectare, pour un coût de 40 € environ; un deuxième épandage au début de la ponte de la deuxième génération est également effectué avec 600 capsules (375000 trichogramma) par hectare avec un coût de 55€ environ. Il faut rajouter la main oeuvre pour installer les capsules. En plus du coût supérieur, cela demande un certain investissement de la part de l'agriculteur. (un minimum de connaissance des cycles des insectes) Il est à noter que les surfaces en lutte biologique (86000 hectares en 2005) ont continué de progresser en 2006 et 2007 (plus de 100000 hectares sont maintenant couverts avec les trichogrammes) Cette méthode de lutte est peu utilisé dans le sud ouest de la France.
Dernièrement, des agriculteurs voisins qui utilisent des trichogramma pour des champs de maïs semence ont trouvé ces insectes auxiliaires à moitié prix en Allemagne par rapport au coûts cités précédemment.

Le maïs lorsque il est attaqué par la chenille de la pyrale, émet des molécules chimiques (indole et terpénoïdes) qui attirent des insectes parasitoïdes spécifiques de cette chenille. (Pour tout savoir sur les pyrales )

Que se passe t'il dans le sol ?

Comme tout végétal, le maïs a un système racinaire équivalent à sa partie aérienne; le gène ajouté se retrouve dans toutes les cellules végétales y compris dans celles de ses racines.
Les scientifiques savent qu'il y a des interactions entre les racines, les bactéries et les champignons présents dans le sol, lors de la vie d'une plante.

Des chercheurs de l'université Paul Sabatier à Toulouse ont trouvé dans des bactéries extraites du sol de champs cultivé en mais Bt, la présence du gène codant la protéine CRY mais surtout le gène de résistance à l'ampicilline ainsi que de larges fractions du vecteur de trangénèse (vecteur de clonage dérivé du pBR322, utilisé en laboratoire depuis plus de 30 ans). Pourquoi ce gène de résistance à l'ampicilline ( antibiotique)? Lorsque les chercheurs essayent de transférer un gène d'intérêt dans une cellule végétale le taux de réussite est extrêmement faible, pour savoir si effectivement le gène d'interêt s'est intégré, ils utilisent un gène marqueur qui indiquera que la modification génétique a eu bien lieu. Il s'agit pour les premières générations de PGM qui sont actuellement cultivés, d'un gène de résistance à un antibiotique (souvent l'ampicilline) qui sera fonctionnel dans la plante. Dans un milieu contenant de l'antibiotique seules les cellules contenant le gène de résistance à cet antibiotique et donc le gène d'interêt peuvent survivre. Il faut savoir que dans un gramme de terre sont présentes 1 million de bactéries, entre 1000 et 10000 différentes (toutes ne sont pas encore identifiées, beaucoup sont très proches, on parle de groupes fonctionnels).

Avec 75000 pied de mais Bt à l'hectare l'abondance du système racinaire présente une pression de sélection importante pour les micro-organismes du sol, donc de mutation. (comme la plus part du temps il n'y a pas de rotation, cela sera tous les ans que cette pression apparaîtra) On ne connaît pas le niveau et la durée du maintien de l'ADN transgénique au sein de la communauté bactérienne du sol. On ne sait pas combien de cycles de cultures conventionnelles seront nécessaire pour ne plus détecter les signaux moléculaire du trangène chez les bactéries....On ne sait pas si le flux des trangénes de la plante aux bactéries du sol peut avoir une queconque incidence sur les équilibres microbiens de ce même sol..... L'etat français a commandé des études sur ce sujet à ses organismes de recherche (INRA, CNRS) en 2005,2006 études s'étalant sur 2 ou 3 ans pas ou peu de publication pour le moment. (télécharger le )

Le pollen des variétés Bt peut il polluer les autres variétés?
Le ministère de l'agriculture considère qu'une distance de 25 mètres est suffisante pour permettre la coexistence de cultures conventionnelles et trangéniques. Le problème est que les flux de pollen ne peuvent se contrôler. Si la quasi totalité des grains de pollen vont se déplacer sur quelques mètres, un fort vent (c'est l'époque des orages) ou des insectes peuvent amener des grains sur des kilomètres, voir des dizaines de kilomètres. Il faut savoir que chaque grain d'un épis de maïs a été fécondé par un grain de pollen. Les conséquences ne seront pas les mêmes pour un agriculteur conventionnel (si par ex dans un champ d'un hectare de 70000 pieds, 4 ou 5 grains d'un épis d'un pied ou de plusieurs pieds sont pollués génétiquement, il n'y a pas vraiment de conséquence) ou pour un agriculteur biologique qui ne pourra plus vendre sa production. On aura donc, forcément des variétés de maïs qui seront polluées et hybridées et cela peut devenir dramatique pour la biodiversité dans des pays comme le Mexique.(berceau mondial du maïs)
Cela pose la question du seuil de détection d'impurété génétique et montre que la pollution génétique zéro n'existe pas et ne pourra pas exister. Qui fixe les seuils et en fonction de quels critères? Est ce les politiques garant de la démocratie et de la diversité de l'agriculture ou les firmes obtentrices des PGM? . Cela montre que l'on ne peut pas avoir de coéxistence sans polution génétique de cultures trangéniques et de cultures conventinelles ou biologiques. On peut signaler à propos du pollen qu'une étude récente faite aux aux Etats-Unis indique que l'on retrouve du pollen de maïs Bt dans les rivières et fleuves en aval des champs cultivés et cela sur des centaines de kilomètres.

A titre d'information, il faut savoir que lorsque les agriculteurs cultivent du maïs semence les agriculteurs hybrident deux variétés de maïs en coupant le fleurs males des rangs femelles qui sont alors fécondées par le pollen des rangs males. Le maïs récoltés sert de semences aux autres agriculteurs. les distances avec un autre champ de maïs sont de 300 mètres et peuvent atteindre 1000 mètres si dans le champ le maïs cultivé est une lignée pure qui servira aux croisements.

La gestion préventive du phénomène naturel d'acquisition de résistance par les insectes est elle respectée (GRI)?
Aux Etats Unis, lorsque on sème du mais Bt dans une parcelle, on mélange 20% de maïs normal et 80% de mais Bt. C'est une obligation, pourquoi? En prévention d'une éventuelle mutation de quelques pyrales qui pourraient émettre des défenses contre la protéine CRY et devenir résistantes (le maïs Bt n'aurait alors plus d'utilité) Dans le cas où ce scénario se déroulerait les quelques pyrales survivantes et mutantes vont s'accoupler avec les pyrales se développent sur les 20% de maïs normal, la population mutante serait fortement diluée et n'aura statistiquement aucune influence sur la descendance de la population totale des pyrales Qu'en est il en France? L'association générale des producteurs de maïs (A.G.P.M) a informé tous ces adhérents sur la nécessité de l'installation de ces zones refuges avec une brochure explicative. Sur les 22000 hectares plantés en 2007 combien d'agriculteurs ont respectés ces proportions en maïs normal et maïs Bt (par ex: sur 10 hectares total de maïs il doit y avoir au moins 2 hectares de maïs conventionnel? Qui contrôle?

Peut on avoir des filières de récolte séparés?
0n peut dire que oui dans la mesure ou les organismes collecteurs et stockeurs de céréales (coopératives...) ont des silos séparés avec leurs propres fosses de déchargement. Cela dépendra également si les organismes collecteurs ont des clients qui veulent absolument acheter du maïs conventionnels en tant que tel .(des silos seront alors dédié à ce type de maïs et ne recevront que du mais issus de champs conventionnels En pratique les bordures de champs de maïs Bt qui ont été semés en maïs conventionnels sont partis comme le reste du champ (maïs Bt). Dans le cas de petit silos intermédiaire de stockage tout le maïs a été mélangé et considéré comme du trangénique.
A priori, lors de mélange le maïs est considéré comme transgénique et vendu comme tel. Par contre il n'y a pas eu en 2007 de bennes différentes pour la récolte; Il y a de fortes possibilités de mélange de fonds de bennes (quelques kilos). La récolte vraiment séparée avec des bennes spécialement dédiées à la récolte du maïs conventionnel ou trangénique a un surcoût pouvant être important (doublement des bennes, transport vers des organismes stockeurs ayant des silos bien distincts....) Qui est prêt à payer le surcoût pour une vraie séparation des récoltes? Et qui contrôle?

Quel bilan économique?

L'agriculteur achète actuellement les semences de maïs Bt, 155 € la dose de 80000 grains pour un hectare (environ 75000 grains qui germent) au lieu de 135€ pour la même dose en maïs conventionnel On peut noter que le surcoût actuellement n'est que de 20 €. Il ne traitera pas contre la pyrale et économisera 25 € d'insecticide et éventuellement le coût de 40€ du traitement par l'hélicoptère lors de très forte invasion. Si les variétés de maïs trangéniques ont eu une croissance moins importante que des variétés conventionnelles, les rendements sont au rendez vous (125 quintaux par ex pour mon voisin ) En général, on estime selon les années un gain de 2 à 8 quintaux /hectare de récolte en utilisant le maïs Bt. (les rendements dépendent pas uniquent des semences). Le cour du maïs varie entre 150 et 220 € la tonne.

Quel bilan écologique ?
L'agriculteur n'utilise plus d'insecticides chimiques pour la pyrale et la sésamie (c'est déjà le cas, depuis quelques années, de celui qui épand des capsules de trichogramma et préfère la lutte biologique) et par ce fait il diminue un peu sa consommation de gas oil et rejette un peu moins de Co². Ce qui ne veut pas dire qu'il n'emploie plus de pesticides et qu'il fait une culture écologique. Il continue d'utiliser au semis déjà des insecticides en micro granulés (carbamates) pour les taupins, des herbicides, des anti limaces, d'événtuels foncicides et insecticides... Il continue également à employer d'énorme quantité d'engrais chimiques notamment azoté. (ce qui expliquent les nitrates dans de nombreuses nappes phréatiques).

Par contre, il faut rajouter que le maïs n'ai pas seulement attaqué par la pyrale,la sésamieAutre papillon dont la chenille, rose pale de 40mm attaque le maïs , présente surtout dans tout le sud ouest de la France peut causer d'énormes dégâts souvent plus important que la pyrale ( les trichogramma n'ont aucune efficacité sur les sésamies) et le maïs Bt apporte une efficacité et une garantie de récolte. Des essais avec des phéromones pour pieger ce papillons existent, mais ont été abandonné.

Quelques faits pour 2007:
IL n'y a pas eu une forte présence de pyrales pour l' année 2007. Le temps frais et pluvieux au mois de Juin et Juillet a rendu la ponte des papillons et la survie des chenilles plus difficiles . Le maïs bt n'était pas utile.
Une grande partie du maïs transgénique planté dans le sud ouest part en Espagne pour la nourriture d'élévage de porc, de volailles, ou d'ateliers catalans hors sol de gavage de canard gras . Une bonne partie des produits transformés de ses élevages revient en France et se retrouve dans les rayons de la grande distribution . Essayez de demander si le jambon ou le chorizo espagnol provient d'élevage dont les animaux n'ont pas consommés de maïs trangénique (lors de nos courses pour le réveillons dans un hyper Carrefour, j'ai posé la question à une hôtesse vantant du jambon serrano, mais on a pas pu me répondre!!!)
L'association générale des producteurs de maïs a recommandé de doubler les distances d'isolement entre champs de mais trangéniques et conventionnels (50 mètres ou 24 rangs de mais)
Il est de tradition de glaner les épis de maïs après la récolte. Souvent des personnes âgées, à faibles revenus glanent pour les quelques poules qu'ils élèvent. Comme aucun champ PGM est indiquer en tant que tel, des personnes on pu donner en 2007 du maïs Bt à leur basse cour sans le savoir.

Il faut savoir qu'il existe des maïs trangéniques différents soit par la multinationale qui le crée, soit par les gènes ajoutés.
On trouve maintenant des maïs transgéniques à qui on incorpore deux ou même trois gènes d'interêt, les maïs seront alors résistants aux chenilles de pyrales et de sésamie, également aux herbicides (Round up , basta , selon la multinationale) et maintenant résistants à la chrysomèle La chrysomèle du mais, diabrotica virgifera virgifera, est un ravageur pas encore présent sur le sol français, seuls quelques individus ont été trouvé en trois points du territoire, c'est un insecte en quarantaine.
Quelques exemples: SYN-BT011-1 avec gène cryIa(b) et pat gène (tolérance à l'herbicide glufosinate-ammonium; DAS-01507-1 avec gène cry1F et pat gène; MON 00863-5× MON 00603-6 avec gène nptII (marqueur) cry3Bb1 et cp4epsps ( tolérance à l'herbicide glyphosate)

Dans le cas des maïs Bt et Rr (round up ready) le bilan écologique devient défavorable avec un accroissement des désherbants utilisés,13% des cultures PGM dans le monde. Des laboratoires de l'INRA travaille sur les rythmes circadiens des papillons de nuits (ceux qui peuvent faire le plus de dégâts sur les cultures des agriculteurs) et les phéromones En effet pourquoi ces papillons volent la nuit et pas le jour (comment perturber ses mécanismes) ou comment piéger les femelles (éviter les accouplement de pyrales ou de sésamies). D' autres solutions verront donc le jour pour limiter les ravageurs.